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Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/17

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rangé dans cette catégorie, des poètes qui, comme Wilhelm Müller, bien que nés ailleurs qu’en Souabe, se sont fait remarquer par des qualités identiques. Si la tendresse naïve et un certain naturalisme spiritualise caractérisent plus particulièrement la Souabe, l’Autriche a communiqué je ne sais quelle mollesse voluptueuse, rêveuse encore et mêlée d’originalité hongroise et orientale, à ses principaux chanteurs modernes. J’ai donc groupé, sous le titre d’École autrichienne, non-seulement les Zedlitz, les Anastasius Grün et les Lenau, natifs du sol, mais encore ceux qui, par le génie, me paraissaient appartenir à la même famille, à la même patrie. Berlin, qui est la capitale des penseurs allemands et qui concentre toute la verve raisonneuse du nord de l’Allemagne, m’a semblé devoir être considéré comme le nid où sont éclos et d’où se sont envolés les poètes politiques de ces vingt dernières années. J’y ai placé le siège d’une école du Nord, représentée bien plus par des chanteurs façonnés aux idées philosophiques à Berlin, que par des écrivains indigènes. C’est ainsi que la figure de Henri Heine y domine, bien qu’il ait eu Dusseldorf pour berceau et le Rhin pour père nourricier. J’y rattache également Freiligrath, qui est Westphalien ; Hoffmann de Fallersleben, né en Basse-Saxe ; et Georges Herwegh, l’éphémère roi de la révolte lyrique, que l’on s’étonne de compter parmi les pacifiques et bienheureux enfants de cet autre paradis terrestre des poètes, du Wurtemberg.

Bien que plausibles, de pareilles classifications sont toujours un peu arbitraires, et je consens à vous y laisser voir une nouvelle preuve de l’esprit méthodique