Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/325

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 317 —

opposer une barrière infranchissable. D’un coup d’œil le petit caporal Spohn a mesuré le danger : « Sire, à la faveur des broussailles, donnez-moi votre cheval et votre chapeau, puis fuyez ! » Et c’est ainsi que Spohn fut tué au lieu et place de l’Empereur ; et c’est à partir de ce moment, ajoute le poète, que les soldats donnèrent à Napoléon le surnom de Petit Caporal : « Le grand caporal, dit en terminant la ballade, le grand caporal était Spohn ; il était, cette fois, plus grand que Napoléon ! »

Préférez-vous les évocations riantes, sentimentales, bizarres, fantastiques ! Le Rhin en a pour tous les goûts. J’en trouve une singulière, mais fort morale, aux environs de Haag. C’est encore Simrock qui raconte le fait avec la charmante ironie qui lui est familière.


Une pauvre femme, mère de deux enfants jumeaux, s’en allait demandant l’aumône. Un enfant dans chaque bras, elle s’avance timidement et s’incline devant l’orgueilleuse épouse du comte Henneberg.

Loin de mes yeux, loin de mes yeux, impudente femme ! s’écrie l’impitoyable comtesse ; deux enfants à la fois n’ont jamais eu pour père un seul et même homme !

Que Dieu donc, pour vous confondre, répond la pauvre femme, que Dieu vous envoie autant d’enfants qu’il y a de jours dans l’année !

Et la comtesse, en effet, mit au monde trois cent soixante-cinq jumeaux, tant garçons que filles.


On montre encore aujourd’hui, s’il faut en croire le malin chroniqueur, les vastes bassins où ils furent tous baptisés.

En fait de miracle, j’aime mieux croire à celui qui va suivre :