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Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/324

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du voyageur. Comme nous ne rédigeons pas, en ce moment, un semblable itinéraire, il nous faut, non sans regret, omettre la plupart de ces légendes, et nous permettre tout au plus d’indiquer encore, mais aussi sommairement que possible, le sujet de quelques-unes. Parmi les traditions historiques d’une époque plus moderne, comment oublier ce brave forgeron de Solingen qui, non content de forger d’excellentes baïonnettes pour les soldats de son roi, de son héros, du vieux Fritz, comme ils appelaient Frédéric II, voulut encore, bien que père d’une nombreuse famille et depuis longtemps libéré du service, combattre sous les drapeaux de l’armée prussienne, pour venger la défaite de Kollin ! Aussi comme il aida Seidlitz à battre les Français à Rosbach ! et comme, sans lui, Zieten aurait moins complètement défait les impériaux à Leuthen ! Après ce succès seulement, les affaires du vieux Fritz lui parurent remises en assez bon état pour qu’il lui fût permis de songer aux siennes propres et de reprendre le tablier de cuir du forgeron.

Comment oublier aussi ce petit caporal Spohn, de Coblentz, qui se montra dévoué à Napoléon au point de sacrifier froidement sa vie pour sauver celle de son empereur ? C’était à la bataille dite des Trois Empereurs : s’étant imprudemment avancé pour étudier les manœuvres de l’ennemi, Napoléon est tout à coup séparé de son escorte par une troupe de Cosaques ; grâce à la vitesse de son cheval, il parvient d’abord à se frayer un passage ; mais les Cosaques sont à sa poursuite, et les bagages de l’armée d’une part, les broussailles et les marécages de l’autre, vont maintenant lui