Page:Martin du Gard - Le Cahier gris.djvu/197

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lui a vu, dans la vie, ce sourire intérieur, ce visage dépouillé, heureux. Le balbutiement de ses lèvres fait un peu trembler ses bajoues, et les coups de tête qu’il donne à intervalles réguliers pour dégager son cou hors du col, semblent balancer l’encensoir au pied du trône céleste.



Le lendemain Jacques était seul, assis sur son lit défait. Il ne savait que devenir, par cette matinée de samedi, qui n’était pas vacances, au contraire, et qu’il passait là, dans sa chambre. Il songeait au lycée, à la classe d’histoire, à Daniel. Il écoutait les bruits matinaux qui ne lui étaient pas familiers et lui semblaient hostiles, le balai sur les tapis, les portes que les courants d’air faisaient grincer. Il n’était pas abattu : plutôt exalté ; mais son inaction, et cette