Page:Martin du Gard - Le Cahier gris.djvu/23

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« Donc, en entrant, nos yeux tombent sur l’ami Jacquot, que nous avons précisément placé bien en face de notre porte. Nous allons à lui, nous déplaçons son dictionnaire. Pincé ! Nous saisissons le volume suspect : un roman traduit de l’italien, d’un auteur dont nous avons oublié le nom : Les Vierges aux Rochers.

— « C’est du propre ! » cria M. Thibault.

— « L’air gêné du garçon semblait cacher autre chose : nous avons l’habitude. L’heure du repas approchait. À l’appel de la cloche, nous prions le maître d’étude de conduire les élèves au réfectoire, et, restés seuls, nous levons le pupitre de Jacques ; deux autres volumes : Les Confessions de J.-J. Rousseau ; et, ce qui est plus déshonnête encore, excusez-nous, Monsieur, un ignoble roman de Zola : La faute de l’abbé Mouret. »

— « Ah, le vaurien ! »

— « Nous allions refermer le pupitre, quand l’idée nous vient de passer la main par derrière la rangée des livres de classe ; et nous ramenons un cahier de toile grise, qui, au premier abord, nous devons le dire, n’avait aucun caractère clandestin. Nous