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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/114

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repos ; de l’éléphant d’ailleurs, il avait les larges oreilles plates, et aussi, par éclairs, l’œil rusé. Le plaidoyer d’Antoine le rassurait. Il y avait eu déjà quelques embryons de scandales à la Fondation, quelques surveillants qu’il avait fallu congédier, sans ébruiter les motifs de leur renvoi, et M. Thibault avait craint un moment que les révélations d’Antoine fussent de cette nature : il respirait.

— « Est-ce que tu crois m’apprendra quelque chose ? » fit-il d’un air bonasse. « Tout ce que tu dis là fait honneur à ta générosité naturelle, mon cher : mais permets moi de te dire, en toute conscience, que ces questions de correction sont fort complexes, et qu’en ces matières on ne s’improvise pas une compétence du jour au lendemain. Crois-en mon expérience et celle des spécialistes. Tu dis : faiblesse, torpeur. Dieu merci ! Tu sais ce que valait ton frère : crois-tu que l’on puisse broyer une pareille volonté de mal faire, sans d’abord la réduire ? En affaiblissant avec mesure un enfant vicieux, ce sont ses mauvais instincts qu’on affaiblit, et l’on peut alors en venir à bout : c’est la pratique qui apprend ça. Et vois : est-ce