Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/127

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à l’autre. Vous avez bien fait de me prévenir : je ferai en sorte de le voir plus souvent, de causer avec lui. Tout cela n’est pas grave, patientez : il nous reviendra.

« Mais ce que vous m’apprenez de l’existence de Jacques m’inquiète bien davantage. J’étais loin de supposer que son isolement fût à ce point rigoureux ! C’est une vie de prisonnier qu’il mène là ! Je ne puis croire qu’elle soit sans danger. Mon cher ami, j’avoue que j’en suis très troublé. Y avez-vous bien réfléchi ? »

M. Thibault sourit.

— « En toute conscience, mon cher abbé, je vous dirai ce que j’ai répondu hier à Antoine : est-ce que vous supposez que nous n’avons pas, et mieux que personne, l’expérience de ces choses-là ? »

— « Je ne le nie pas », prononça le prêtre sans la moindre humeur. « Mais les enfants que vous avez coutume de traiter n’ont pas tous besoin des ménagements que nécessite le tempérament particulier de votre fils. Et leur régime est différent, si j’ai bien compris, puisqu’ils vivent en commun, ont des heures de récréation, s’exercent à des travaux manuels. J’étais, vous vous en sou-