Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/141

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à sa fonction de directeur spirituel. Il joignit les mains sous son menton, inclina la tête et sourit avec effort.

— « Je vous ai laissé aller jusqu’au bout », fit-il. « Je vous ai laissé boire le calice. Et je suis bien sûr que la miséricorde divine vous tiendra compte de cette heure-ci. Mais », ajouta-t-il en levant son index, « l’intention suffit ; et votre vrai devoir n’est pas d’aller jusqu’au bout du sacrifice. Ne protestez pas. C’est moi, votre confesseur, qui vous défie de votre engagement. En vérité, votre renoncement serait moins utile à la gloire de Dieu que ne sera votre élection. Votre situation de famille, de fortune, a des exigences que vous ne devez pas méconnaître. Ce titre de membre de l’Institut vous conférera parmi ces grands républicains d’extrême-droite, qui sont la sauvegarde de notre pays, une autorité nouvelle et que nous estimons nécessaire à la bonne cause. Vous avez de tous temps su mettre votre vie sous la tutelle de l’Église. Eh bien, laissez-la, une fois de plus, par mon ministère, vous indiquer le chemin. Dieu refuse votre sacrifice, mon cher ami ; si dur que cela soit, inclinez-vous. Gloria in excelsis !