Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/143

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tent ? Il corrigea aussitôt son geste, et mit affectueusement sa main sur l’épaule de M. Thibault, qui se releva pesamment.

— « Tout n’est pas encore dit », fit alors le prêtre, avec cette inflexible douceur qui lui était particulière. « Vous devez prendre une décision au sujet de Jacques. »

M. Thibault eut un redressement de tout le corps.

L’abbé s’assit.

— « Ne soyez pas comme ceux qui se croient quittes parce qu’ils ont fait face à un devoir difficile, et négligent le devoir immédiat, celui qui est tout près d’eux. Même si l’épreuve à laquelle vous avez soumis cet enfant n’est pas aussi préjudiciable que je puis le craindre, ne la prolongez pas. Songez au serviteur qui enfouit le talent que son Maître lui a confié. Allons, mon ami, ne partez pas d’ici sans avoir pris conscience de votre responsabilité entière. »

M. Thibault restait debout et secouait la tête, mais sa physionomie n’avait plus la même obstination. L’abbé se leva.

— « Le difficile », murmura-t-il, « c’est de ne pas avoir l’air de céder à Antoine. » Il vit qu’il avait touché juste, fit quelques