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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/155

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Thérèse avait tremblé si douloureusement !

— « Tante », dit-elle enfin, avec effort, « il ne faut pas m’en vouloir, je ne veux rien vous cacher, mais c’est difficile d’expliquer tout, comme ça, en une fois. Vous connaissez M. Arvelde ? »

— « Non. Qui est-ce ? »

— « Un grand violoniste de Paris, qui me donnait des leçons Oh, un grand, grand artiste : il joue dans les concerts. »

— « Eh bien ? »

— « Il habitait Paris, mais il est belge. C’est pour ça, quand il a fallu se sauver, il nous a emmenées en Belgique. Il a une maison à lui, à Bruxelles, où on s’est installé. »

— « Avec lui ? »

— « Oui ». Elle avait compris la question et ne s’y dérobait pas ; elle semblait même prendre un sauvage plaisir à surmonter toute réticence. Mais elle n’osa plus rien dire et se tut.

Mme de Fontanin reprit, après une pause assez longue :

— « Mais, où étais-tu ces derniers jours, quand tu étais seule et que l’oncle Jérôme venait te voir ? »