Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/171

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ture et lui avoir fait boire un bol d’infusion bouillante.

Il faut dire que ses craintes n’étaient pas totalement dépourvues de fondement. La mère de Gisèle, une malgache que le commandant de Waize avait épousée à Tamatave où il était en garnison, était morte de tuberculose pulmonaire, moins d’un an après la naissance de l’enfant ; et deux ans plus tard, le commandant lui-même avait succombé à une maladie lente, mal déterminée, et qu’on pensa lui avoir été transmise par sa femme. Depuis que, seule parente de l’orpheline. Mademoiselle l’avait fait revenir de Madagascar et l’avait prise à sa charge, la menace de cette hérédité ne cessait de la hanter, bien que l’enfant n’eût jamais eu le moindre rhume inquiétant, et que sa solide constitution fût périodiquement reconnue et confirmée par tous les médecins et spécialistes qui l’examinaient chaque année.


Le vote de l’Institut devait avoir lieu dans la quinzaine, et M. Thibault semblait pressé de voir revenir Jacques. Il fut con–