Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/215

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vu lui-même. Elle baissa la tête, et il aperçut, sous les frisons, la nuque qui fuyait dans l’échancrure du corsage. Il se penchait déjà, comme un automate, lorsqu’elle se redressa, — un peu trop tôt. Elle le regarda avec surprise, sourit, l’attira près d’elle sur le canapé, et, sans la moindre hésitation, colla son visage contre celui de Jacques, sa tempe contre sa tempe, sa joue chaude le long de sa joue.

— « Chéri… Liebling… »

Il crut défaillir de douceur, et ferma les yeux. Il sentit les doigts de Lisbeth, dont le bout était piqué par les aiguilles, caresser sa joue libre, s’insinuer dans son col ; le bouton céda. Il eut un frisson délicieux. La petite main magnétique, glissant entre la chemise et la peau, vint se blottir contre son buste. Alors, lui aussi, il hasarda deux doigts qui heurtèrent une broche. Elle entr’ouvrit elle-même son corsage pour l’aider. Il retenait son souffle. Sa main frôla une chair inconnue. Elle fit un mouvement, comme s’il l’eût chatouillée, et il sentit tout à coup la chaude masse d’un sein couler dans le creux de sa paume. Il rougit, et l’embrassa gauchement. Aussitôt elle lui rendit son