Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/223

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X


Un soir, avant le dîner, Antoine eut la surprise de trouver dans son courrier une enveloppe à son nom qui contenait une lettre cachetée, à l’adresse de son frère. Il ne reconnut pas l’écriture, et, Jacques étant là, il ne voulut pas avoir l’air d’hésiter :

— « Voilà qui est pour toi », dit-il.

Jacques s’approcha vivement et son visage s’empourpra. Antoine, qui feuilletait un catalogue de livres, lui remit l’enveloppe sans le regarder. Lorsqu’il leva la tête, il vit que Jacques avait glissé la lettre dans sa poche. Leurs yeux se croisèrent ; ceux de Jacques étaient agressifs.

— « Pourquoi me regardes-tu comme ça ? » fit-il. « J’ai bien le droit de recevoir une lettre ? »

Antoine considéra son frère sans rien dire lui tourna le dos et quitta la pièce.