Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/237

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— « Rusé garçon ! » murmura Gregory en le menaçant du poing.

Mais dès qu’il fut seul avec Mme de Fontanin, son visage glabre prit une expression de bonté et son regard devint caressant.

— « Maintenant », dit-il, « le temps est venu où je désire parler à votre cœur seulement, dear. » Il se recueillit comme s’il priait. Puis, d’un geste nerveux, il passa ses doigts dans ses mèches noires, alla prendre une chaise et s’assit à califourchon. « Je l’ai vu », annonça-t-il, en regardant Mme de Fontanin pâlir. « Je viens de sa part. Il regrette. Comme il est malheureux ! » Il ne la quittait pas des yeux ; il semblait, en l’enveloppant de son regard obstinément joyeux, vouloir calmer cette souffrance qu’il lui apportait.

— « Il est à Paris ? » balbutia-t-elle, sans songer à ce qu’elle disait, puisqu’elle savait que Jérôme était venu lui-même l’avant-veille, jour anniversaire de la naissance de Jenny, déposer pour sa fille cet appareil de photographie, chez la concierge. Où qu’il fût, jamais encore il n’avait omis de fêter un anniversaire des siens. « Vous l’avez vu ? » reprit-elle d’une voix distraite, sans