Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/238

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que l’expression de son visage parvint à se fixer. Depuis des mois, elle pensait à lui d’une manière continuelle mais si diffuse, qu’une torpeur spéciale l’envahissait maintenant, dès qu’il était question de lui.

— « Il est malheureux », répéta le pasteur avec insistance. « Il est bourré de remords. Sa piteuse créature est toujours chanteuse, mais il est dégoûté réellement, il ne veut plus la revoir jamais. Il dit qu’il ne peut vraiment vivre sans sa femme, sans ses enfants ; et je crois c’est vrai. Il demande votre pardon ; il promet tout pour rester encore votre mari ; il vous prie de chasser votre volonté de divorce. Sa face, je l’ai perçu, est maintenant la face du Juste : il est réellement droit-homme, et bon. »

Elle se taisait et regardait vaguement devant elle. Ses joues pleines, le menton un peu empâté, la bouche molle et sensible, respiraient tant de mansuétude, que Gregory crut qu’elle pardonnait.

— « Il dit que vous allez tous deux, ce mois, chez le tribunal du juge », continua-t-il, « pour la conciliation ; et qu’après seulement commencera la véritable machination de divorce. Alors il mendie, parce qu’il est