Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/255

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Jacques, les yeux toujours baissés, secoua la tête. Il semblait dire : « Non, c’est fini, de moi tu ne sauras rien. » D’ailleurs sans même attendre de réponse, Daniel venait de se lever. Un bruit de voix jeunes arrivait jusqu’à eux.

— « Tu me raconteras… Les voilà, viens ! » Il jeta un regard vers la glace, redressa la tête et s’élança dans le couloir.

— « Mes enfants », appelait Mme  de Fontanin, « si vous voulez goûter… »


Le thé était servi dans la salle à manger.

Dès la porte, Jacques, le cœur battant, aperçut deux jeunes filles près de la table. Elles avaient encore leurs chapeaux, leurs gants, et le teint avivé par la promenade. Jenny vint au-devant de Daniel et se pendit à son bras. Il ne parut pas y prendre garde, et, poussant Jacques vers Nicole, fit les présentations avec une aisance enjouée. Jacques sentit glisser sur lui la curiosité de Nicole, et peser le regard investigateur de Jenny ; il détourna les yeux vers Mme  de Fontanin, qui debout près d’Antoine dans la porte du salon, achevait une conversation commencée :