Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/264

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n’en voulait pas à Antoine de s’avouer si différent d’elle. Mais, en son for intérieur, elle remerciait davantage Dieu d’être si constamment présent dans son cœur. Elle puisait dans cette assistance une confiance surabondante et joyeuse, qui, véritablement, rayonnait d’elle : au point que, sans cesse malmenée par l’événement et plus malheureuse à beaucoup près que la plupart de ceux qui l’approchaient, elle avait néanmoins ce privilège d’être pour chacun une source de courage, d’équilibre, de bonheur. Antoine en faisait, à ce moment même, l’expérience ; jamais, dans l’entourage de son père, il n’avait rencontré personne qui lui inspirât cette réconfortante vénération, et autour de qui l’atmosphère fût à ce point exaltante à force d’être pure. Il désira faire un pas de plus vers elle, fût-ce au détriment de la vérité :

— « Le protestantisme m’a toujours attiré », affirma-t-il, bien qu’il n’eût jamais songé aux protestants avant d’avoir connu les Fontanin. « Votre Réforme c’est la Révolution sur le terrain religieux. Il y a dans votre religion des principes d’émancipation… »