Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/266

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dis que s’évanouissait plus lentement l’amertume que la contrition, et peut-être le regret, laissaient derrière eux.


L’entrée de Jenny et de Jacques acheva de libérer son imagination. Du plus loin, avec un geste accueillant, elle les appela près d’elle, de crainte qu’ils ne pussent se croire importuns. Mais, au premier coup d’œil, elle eut l’intuition qu’il s’était passé quelque chose entre eux.

Effectivement.

Aussitôt pris le cliché de Nicole et de Jacques, Daniel avait offert de constater sur l’heure s’il était réussi. Il avait, le matin, promis à Jenny et à sa cousine de leur apprendre à développer, et elles avaient déjà préparé le nécessaire dans une penderie sans emploi, située à l’extrémité du couloir, et dont Daniel se servait naguère comme de chambre noire. Ce placard était si étroit qu’il était malaisé d’y tenir plus de deux. Aussi Daniel avait-il manœuvré de telle sorte que Nicole y entra la première ; alors, s’élançant vers Jenny, et appuyant une main fébrile sur son épaule, il lui avait glissé à l’oreille ;

— « Tiens compagnie à Thibault. »