Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/36

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de-chaussée. Antoine marchait devant, l’œil tendu, ouvrant d’autorité la moindre porte close ; rien ne lui échappait. Les murs étaient blanchis dans leur partie haute et badigeonnés de goudron noir jusqu’à deux mètres du sol. Toutes les fenêtres étaient, comme celle du directeur, en carreaux dépolis, et renforcées de barreaux. Antoine voulut tirer l’une d’elles ; mais il fallait une clef spéciale ; le directeur sortit l’outil de son gousset et fit jouer la croisée ; Antoine remarqua l’adresse de ses petites mains jaunes et potelées. Il plongea son regard de policier dans la cour intérieure : elle était déserte : une grande esplanade rectangulaire, en boue piétinée et séchée, sans un arbre et enclose entre de hautes murailles hérissées de tessons.

M. Faîsme, avec entrain, détaillait la destination des locaux : salles d’étude, ateliers de menuiserie, de serrurerie, d’électricité, etc… Les pièces étaient petites, proprement tenues. Dans les réfectoires, des garçons de service achevaient d’essuyer les tables de bois blanc ; une odeur aigre montait des éviers placés dans les angles.

— « Chaque pupille vient là, à la fin du