Aller au contenu

Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voyez, voici l’allée centrale où le surveillant va et vient toute la nuit. Ici, le surveillant ne se couche pas, et l’on n’éteint pas l’électricité. Malgré qu’ils soient bien verrouillés, ces petits polissons-là seraient capables d’un mauvais coup… Parfaitement ! » Il secouait la tête, et brusquement se mit à rire en bridant les yeux : toute expression chagrine avait disparu. « On en voit de toutes sortes ! » conclut-il avec naïveté, en haussant les épaules.

Antoine était trop intéressé par ce qu’il voyait, pour songer à toutes les questions qu’il avait préparées. Il dit cependant :

— « Comment les punissez-vous ? Je désirerais aussi voir vos cachots. »

M. Faîsme recula d’un pas, ouvrit les yeux tout ronds, et battit légèrement des mains :

— « Sapristi, les cachots ! Mais, docteur, vous vous croyez à la Roquette ! Non, non, pas de cachots ici, grâce à Dieu ? Nos statuts nous l’interdisent, et vous pensez bien que M. le Fondateur n’y consentirait jamais ! »

Antoine, interloqué, subissait l’ironie des petits yeux plissés dont les cils battaient derrière les lunettes. Il commençait à être