Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/40

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fort embarrassé du personnage soupçonneux : qu’il était venu jouer. Rien de ce qu’il voyait ne l’incitait à soutenir ce rôle. Il se demanda même, avec un peu de confusion, si le Directeur n’avait pas déjà démasqué la méfiance qui l’avait attiré à Crouy ; mais il était difficile de le savoir, tant la candeur de M. Faîsme semblait réelle, malgré les éclairs de malice qui fusaient par instants aux coins de ses paupières.

Le directeur cessa de rire, s’approcha d’Antoine et lui mit la main sur le bras :

— « Vous vouliez plaisanter, pas vrai ? Vous savez aussi bien que moi le résultat des sévérités excessives : la révolte, ou, ce qui est pire encore, l’hypocrisie… M. le Fondateur a prononcé sur ce sujet de bien belles paroles au Congrès de Paris, l’année de l’Exposition… »

Il avait baissé la voix et regardait le jeune homme avec une sympathie particulière, comme si Antoine et lui avaient constitué une élite, seule capable de discuter ces problèmes de pédagogie sans tomber dans les erreurs du commun. Antoine se sentit flatté, et son impression favorable s’accentua.

— « Nous avons bien, dans la cour,