Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/47

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Antoine hésitait. Il interrogea son frère dans les yeux :

— « Veux-tu ? »

Jacques n’eut pas l’air d’entendre. Antoine supposa qu’il ne se souciait guère de rester là, sous les fenêtres du pénitencier.

— « Non », fit-il ; « nous serons mieux dans ta… chambre, n’est-ce pas ? »

— « À votre guise », s’écria le directeur. « Mais auparavant, je veux encore vous montrer quelque chose : il faut que vous ayez vu tous nos pensionnaires. Venez avec nous, Jacques. »

Jacques suivit M. Faîsme, qui, les bras écartés, riant comme un écolier farceur, poussait Antoine vers un appentis accoté au mur de l’entrée. Il s’agissait d’une douzaine de clapiers. M. Faîsme adorait l’élevage.

— « Cette portée-là est née lundi », expliquait-il avec ravissement, « et déjà, voyez, ils ouvrent les yeux, ces amours ! Par ici, ce sont mes mâles. Tenez, celui-là, docteur », fit-il, plongeant son bras dans une cage et soulevant par les oreilles un gros argenté de Champagne qui se détendait à brusques coups de reins, « celui-là, voyez-vous, c’est un terrible ! »