Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/50

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deux chaises cannées et d’une table noire où les livres et les dictionnaires étaient rangés en bataille. Le petit lit, carré, uni comme un billard, laissait voir des draps qui n’avaient pas encore servi. La cuvette posait sur un linge propre, et plusieurs serviettes immaculées pendaient à l’essuie-mains.

Ce coup d’œil minutieux acheva de jeter le trouble dans les dispositions d’Antoine. Tout ce qu’il voyait depuis une heure était exactement l’opposé de ce qu’il avait prévu. Jacques vivait très isolé des autres pupilles ; on le traitait avec d’affectueux égards ; le directeur était un brave garçon, aussi peu garde-chiourme que possible ; tous les renseignements donnés par M. Thibault étaient exacts. Si opiniâtre que fût Antoine, il était bien obligé d’abandonner un à un ses soupçons.

Il surprit le regard du directeur posé sur lui.

— « Tu es vraiment bien installé », fit-il aussitôt, en se tournant vers Jacques.

Celui-ci ne répondit pas. Il retirait son pardessus et son chapeau, que le domestique lui prit des mains et alla suspendre au porte-manteaux.