Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/51

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— « Votre frère vous dit que vous êtes bien installé », répéta le directeur.

Jacques fit rapidement volte-face. Il avait un air poli, bien élevé, que son frère ne lui avait jamais vu.

— « Oui, monsieur le Directeur, très bien. »

— « N’exagérons pas », reprit l’autre en souriant. « C’est très simple, nous veillons seulement à ce que ce soit propre. D’ailleurs, c’est Arthur qu’il faut complimenter », ajouta-t-il en s’adressant au garçon. « Voilà un lit fait comme pour une revue… »

Le visage d’Arthur s’illumina. Antoine, qui le regardait, ne put s’empêcher de lui faire un signe amical. Il avait une tête ronde, des traits mous, des yeux pâles, quelque chose de loyal et d’avenant dans le sourire, dans le regard, Il était resté près de la porte, et tortillait sa moustache, qui semblait presque incolore tant son teint était hâlé.

« Voilà ce geôlier que j’imaginais déjà dans l’ombre d’un caveau, muni d’une lanterne sourde et d’un trousseau de clefs, » se disait Antoine ; et, riant malgré lui de lui-même, il s’approcha des livres et les examina gaîment.

— « Salluste ? Tu fais des progrès en