Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/63

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— « Déjà ? Attends encore un peu… » Il eut l’idée que l’enfant avait été déçu par sa froideur et que peut-être cette visite lui avait causé plus de plaisir qu’il n’en avait laissé voir.

— « Tu es content que je sois venu ? » murmura-t-il gauchement.

Jacques semblait penser à quelque chose ; il tressaillit, s’étonna, et répondit, avec un sourire poli :

— « Mais oui, très content, je te remercie. »

— « Eh bien, je tâcherai de revenir ; au revoir », fit Antoine vexé. Il regardait encore une fois son cadet, bien en face ; toute sa perspicacité était en éveil ; sa tendresse aussi s’émut :

— « Je pense souvent à toi, mon petit », hasarda-t-il. « Je crains toujours que tu ne sois pas heureux ici ?… » Ils étaient près de la porte. Antoine saisit sa main : « Tu me le dirais, n’est-ce pas ? »

Jacques prit un air gêné. Il se penchait, comme s’il eut voulu faire une confidence. Il se décida enfin, très vite :

— « Tu devrais donner quelque chose à Arthur, au garçon… Il est si complaisant… »