Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/73

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prochaine. » Il se tut de nouveau et regarda la campagne.

La promenade débutait mal. Antoine s’employa aussitôt à changer le tour de la conversation ; mais le regret de sa maladresse l’obsédait et ne lui permettait pas de prendre le ton simple et enjoué qu’il eût voulu. Jacques répondait par oui ou non, lorsque la phrase d’Antoine était interrogative ; mais sans le moindre intérêt. Il dit enfin :

— « Je t’en prie, Antoine, ne parle pas de cette histoire de linge au directeur : cela ferait gronder Arthur pour rien. »

— « Bien entendu. »

— « Ni à papa ? » ajouta Jacques.

— « Mais à personne, sois tranquille ! Je n’y pensais même plus. Écoute », reprit-il, « je vais te dire la vérité : figure-toi que je m’étais mis en tête, je ne sais pourquoi, que tout allait mal ici, et que tu n’étais pas heureux… »

Jacques se tourna légèrement et examina son frère avec une expression sérieuse.

— « J’ai passé la matinée à fureter », continua Antoine. « J’ai compris enfin que je m’étais trompé. Alors j’ai fait semblait de manquer mon train. Je ne voulais pas