Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/72

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— « Le coup des serviettes ? » répéta l’autre, qui ne comprenait pas.

— « Oui : ce matin, pendant qu’on me promenait dans tout l’établissement, on a eu le temps de mettre chez toi de beaux draps blancs, de belles serviettes neuves. Mais la malchance a voulu que je revienne quand on ne m’attendait plus, et… »

Jacques s’arrêta avec un demi-sourire contraint :

— « On dirait que tu veux à toutes forces trouver mal ce qui se fait à la Fondation », finit-il par dire, de sa voix grave qui tremblait un peu. Il se tut, se remit à marcher, et reprit, presqu’aussitôt, avec effort, comme s’il éprouvait un ennui sans bornes à s’étendre sur un sujet si vain : « C’est bien plus simple que tu ne supposes. On change le linge les premiers et troisièmes dimanches du mois. Arthur, qui s’occupe de moi depuis une dizaine de jours seulement, avait changé les draps et les serviettes dimanche dernier ; et il a cru bien faire en recommençant ce matin, parce que c’était dimanche. Mais, à la lingerie, on lui a dit qu’il s’était trompé, et on lui a fait rapporter le linge propre, auquel je n’ai pas droit avant la semaine