Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/91

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— « Mais toi ? Avec toi, est-ce que tu as remarqué des choses ? »

— « Quelles choses ? »

— « Quand il vient te voir, comment est-il avec toi ? »

— « Je ne sais pas. »

— « Tu n’oses pas lui parler librement ? »

— « Non. »

— « Mais si tu lui avais dit que le père Léon allait au café au lieu de te promener, et qu’on t’enfermait dans la buanderie, qu’est-ce que tu crois qu’il aurait fait ? »

— « Il aurait mis le père Léon à la porte ! » répondit Jacques avec effroi.

— « Alors, qu’est-ce qui te retenait de lui parler ? »

— « Mais ça ! »

Antoine s’épuisait à démêler cet écheveau de complicités, dans lequel il sentait son frère prisonnier.

— « Est-ce que tu ne veux pas me dire ce qui te retenait ? Ou bien, vraiment, est-ce que tu n’en sais rien toi -même ? » demanda-t-il.

— « Il y a des… dessins… qu’ils m’ont forcé à… signer », murmura Jacques, en baissant la tête. Il hésita, se tut, puis tout