y avoir orgueil à soutenir avec le petit nombre le parti d’une sage réserve ; et il y en a un très-grand à soutenir, même avec la majorité de vaines prétentions.
Vous faites sonner bien haut, vous surtout qui avez usé de vos baisers le talon de Saint-Pierre, vous faites, dis-je, sonner bien haut le sacrifice de votre raison. Nous savons ce que vaut ce sacrifice. Vous devriez le faire consister, non à admettre aveuglément et de parti pris les opinions d’autrui, mais à exclure impitoyablement des vôtres toutes celles qui ne sont pas fondées, et surtout à n’en imposer aucune à personne. Vous préférez votre devise : « s’humilier pour régner. » Vous subissez volontiers un joug que vous ferez subir à votre tour. Il fut même un temps où bien en prenait à vos disciples d’avoir pour votre enseignement la même docilité que vous viviez eue pour celui de vos pères. Sans quoi vous les brûliez bel et bien pour la gloire de dieu et le salut de leur âme. Aujourd’hui vos moyens ont forcément varié ; mais vos intentions sont les mêmes.
Un mot sur votre meilleure ruse. Elle consiste à faire
croire à vos adeptes, pour les prémunir contre les premières
inspirations qui pourraient les porter vers nous, que les
passions jouent chez nous le principal rôle. Ce sont elles,
dites-vous, qui nous font désirer qu’il n’y ait ni dieu, ni
âme ; ce à quoi vous limitez tout notre athéisme et tout
notre matérialisme. C’est votre fameux Dixit insipiens in corde suo : Non est Deus : « L’impie a dit dans son cœur : il n’y a point de Dieu. » Dans son cœur, et non pas dans son
esprit, voilà une erreur grossière. Les passions sont
beaucoup moins à l’aise chez nous que chez vous. Chez
nous, elles n’ont pas pour s’abriter le manteau du zèle,
le mot est de vos saints livres ; chez nous rien ne dissi-