Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/12

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Nous n’avons pas eu, en effet, l’intention d’exposer ici une thèse quelconque sur l’action considérable de Dupleix, soit pour l’exalter comme M. Guénin, soit pour la critiquer comme Cultru ; il n’est pas d’homme, si grand soit-il, qui n’ait ses faiblesses, et si le psychologue pouvait pénétrer avec certitude dans la pensée des hommes d’état, il en est peu, très peu, dont les actes lui paraîtraient inspirés par de hautes idées, surtout par des idées de prévoyance et d’avenir. Le hasard et l’intérêt les conduisent beaucoup plus qu’on ne veut communément l’avouer.

Dupleix n’échappa pas à cette loi commune. Venu dans l’Inde uniquement pour y faire fortune, les événements et une sorte de nécessité financière le jetèrent à l’improviste dans une politique d’expansion territoriale qu’il n’avait pas prévue et qu’il n’entrevit pour la première fois que vingt-sept ans après son arrivée dans la péninsule. Sur ces seules données, on voit combien les appréciations les plus contradictoires peuvent se donner libre cours, surtout si l’on ne tient compte des textes que pour les interpréter selon son tempérament ou ses passions. Afin de favoriser ce libre examen, nous les avons cités plutôt qu’analysés lorsqu’ils nous ont paru pouvoir soulever des opinions divergentes.

C’est donc l’histoire d’un homme que nous écrivons et non celle d’un demi-dieu. Et comme l’histoire de cet homme est intimement liée à celle d’événements dans lesquels il se trouva nécessairement engagé sans exercer toujours sur eux une influence prépondérante, nous avons donné à ce volume le titre qu’il porte : Dupleix et l’Inde Française, en nous efforçant toutefois de donner à la personnalité même de Dupleix le rôle principal. Les développements sur l’Inde Française ne seront introduits dans