Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/130

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L’idée première de la Compagnie d’Ostende remonte à 1714. L’empereur qui venait d’acquérir les Pays-Bas espagnols au traité d’Utrecht et voyait les bénéfices considérables que les compagnies d’Angleterre et de Hollande retiraient du commerce de l’Inde, résolut de faire d’Ostende un port de commerce, qui put rivaliser dans une certaine mesure avec Londres et Amsterdam. Le prince Eugène, qui favorisait ces idées, espérait ainsi rendre l’Allemagne indépendante des autres puissances maritimes et accroître son influence en Europe ; son but était aussi politique que commercial. En 1714, l’empereur autorisa donc deux navires à s’armer à Ostende pour aller dans l’Inde ; d’autres suivirent. Ces voyages furent en général heureux. Il n’en fallait pas davantage pour éveiller la méfiance puis l’hostilité de l’Angleterre et de la Hollande. Les Hollandais capturèrent un navire ostendais dans les mers des Indes. L’empereur ne s’émut pas de ces susceptibilités et continua ses armements ; en 1720, il n’envoya pas moins de six vaisseaux dans l’Inde et autant l’année suivante. Cette fois la compagnie anglaise, émue depuis l’origine de cette concurrence aussi heureuse qu’inattendue, porta plainte au Parlement et l’invita à prendre des mesures énergiques pour la suppression de ce commerce ; elle prétendait — ce qui sans doute n’était pas inexact — que les fonds des armements étaient fournis en grande partie par des Anglais et que les agents embarqués avaient pour la plupart servi les Anglais ou les Hollandais. À ce double titre, les navires ostendais devaient être considérés comme interlopes, puisqu’il était interdit aux nationaux d’un pays de faire du commerce sous un pavillon étranger non reconnu. La Compagnie d’Angleterre obtint en 1721 le renouvellement des pénalités prévues en pareil cas, et comme elles se trouvèrent