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nos vaisseaux fussent parfaitement connus, et sans attendre notre réponse, ils en avaient visité quelques-uns. Les Hollandais, opérant plus politiquement, s’étaient contentés de nous demander l’exercice de ce droit. Dans un esprit de conciliation, le Conseil de Chandernagor décida de donner satisfaction aux Hollandais mais en les prévenant qu’au premier jour les choses seraient remises sur le pied primitif ; quant aux Anglais, il résolut d’opposer la force à la force et fut approuvé à Pondichéry. Le Conseil supérieur décida même d’envoyer quarante ou cinquante soldats au Bengale pour repousser toute nouvelle violence des Anglais[1]. Il n’y en avait alors que 117, européens et topas. Les ordres de la Compagnie n’autorisaient qu’un effectif de 100 hommes. En envoyant un renfort composé exclusivement de troupes européennes, le Conseil de Pondichéry prescrivait de licencier assez de topas pour réduire la garnison au chiffre prévu par la Compagnie. Il joignit à ce renfort l’envoi de munitions de guerre assez importantes (12 mars 1731).

Dans l’intervalle les prétentions des Anglais étaient tombées d’elles-mêmes et tout conflit avait été écarté. Nous nous étions même rendus mutuellement quelques déserteurs et le nombre de ces derniers était considérable de part et d’autre, ainsi qu’on pouvait s’y attendre de troupes racolées plutôt que recrutées et composées en bonne partie de Suisses et d’Allemands[2].

  1. C. P. ; I, p. 115-116.
  2. Le mariage n’était pas étranger à ces désertions. Les soldats en effet ne pouvaient se marier sans l’autorisation du Conseil. En cas de refus, ils se sauvaient à Bandel où les religieux portugais les mariaient d’ordinaire sans aucune formalité. C’était une sorte d’union à la Mairie du 21e. Le Conseil de Pondichéry protesta en 1731 contre ces facilités auprès de l’évêque de St -Thomé.