Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/132

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La Compagnie de France ne fit pas meilleur accueil à la compagnie étrangère qu’aux commerçants particuliers qui s’étaient engagés dans l’Inde avec des commissions de l’empereur ; par lettre du 25 février 1726, elle invita ses conseils à faire arrêter avec toutes les précautions d’usage et renvoyer prisonniers en France tous ceux de nos nationaux qui pouvaient se trouver au service de la Compagnie impériale, et à lui adresser le nom de tous ceux qui ne pourraient être arrêtés. Quant à Londres et Amsterdam, l’émoi y fut au comble, car les succès de la compagnie consacraient également la force de l’empire. Il fallait à tout prix les arrêter.

Or, vers ce moment, l’empereur se trouvait aux prises avec des difficultés politiques considérables ; le seul allié sur lequel il pouvait compter, le roi d’Espagne, l’abandonna. Les Anglais et les Hollandais profitèrent utilement de ces circonstances pour essayer de détruire la compagnie elle-même et l’on tint en 1727 un Congrès à Aix-la-Chapelle puis à Cambray pour examiner la situation. L’empereur était vivement désireux de sauver la compagnie d’Ostende, mais il était non moins soucieux d’assurer sa propre succession au trône à sa fille unique Marie-Thérèse et de faire consacrer par les diverses nations européennes la pragmatique sanction qu’il avait préparée pour obtenir ce résultat. À la suite de pourparlers qu’il serait trop long de raconter ici, il fut convenu que la compagnie d’Ostende pourrait avoir un établissement au Bengale, mais qu’elle n’y pourrait envoyer aucun navire avant sept ans. C’était une façon de la supprimer en ménageant les susceptibilités de l’empereur.

Au moment où ces tractations se passaient en Europe, la Compagnie obtenait au Bengale la reconnaissance officielle qui lui avait toujours manqué ; le nabab Mour-