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chid Kouli Khan lui accorda au début de 1727 un paravana lui permettant de fonder un comptoir régulier à Banquibazar. Mais conformément aux résolutions arrêtées au congrès de Cambray, l’empereur n’envoya pas de vaisseaux dans l’Inde en 1728. Il ne renonçait pourtant pas à l’idée d’y continuer le commerce et il songea un instant à transférer à Fiume ou à Trieste le siège de la compagnie condamnée. La concurrence de ces deux ports eut été moins grave que celle d’Ostende pour Londres et pour Amsterdam ; l’empereur, toutefois, se heurta aux mêmes difficultés et comprit que dans l’Inde ses concurrents de la veille lui feraient une guerre acharnée, en quelque ville de son empire qu’il organisât ses expéditions. Il pensa qu’il serait plus heureux en s’adressant à des compagnies étrangères qui feraient naviguer leurs vaisseaux avec des commissions régulières de leurs souverains mais qui en réalité lui prêteraient l’autorité de leur pavillon : ainsi sous un nom d’emprunt, c’est toujours la compagnie d’Ostende qui agirait. L’empereur s’entendit dans ce but avec le roi de Danemark, Frédéric IV, qui accorda une charte spéciale permettant aux membres de la compagnie supprimée de se joindre à ses sujets pour le commerce du Bengale ; il établit même une maison de l’Inde à Altona pour l’exécution de ce projet. Le roi de Suède accorda une autorisation de même nature en 1731 et il n’est pas jusqu’au roi de Pologne qui n’entrât dans la combinaison. Dès 1729, il équipa pour l’Inde deux navires armés de 36 pièces de canon et ayant à bord 300 hommes d’équipage ; il leur donna des commissions régulières et le droit d’arborer son pavillon.

Il n’était pas malaisé de prévoir que, malgré ces précautions, les Anglais et les Hollandais considéreraient ces