Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/139

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ne fut arrivée, il avait changé d’avis. Il se voyait trop d’embarras, trop de peines et de risques et son désir de se marier s’était refroidi. Il pria en conséquence son frère de ne plus songer à ce projet ; cependant, lui dit-il, « si elle venait, il faudrait l’épouser. »

Elle ne vint pas et Dupleix en fut très satisfait. Les risques et les peines comptaient peu dans sa résolution : la vérité est que dans l’intervalle il avait entrevu la possibilité puis acquis la certitude de voir la famille Vincens venir à Chandernagor et cette perspective lui avait fait oublier sa solitude et ses rêves d’avenir.

Il n’était pas d’ailleurs étranger aux résolutions de Vincens. Vincens, lui écrivit-il à plusieurs reprises au cours de l’année 1732, n’avait aucun avenir à Pondichéry. Le gouverneur ne l’aimait pas et sans doute ne lui accorderait ni faveurs ni avancement. Ne vaudrait-il pas mieux qu’il vint le rejoindre au Bengale, pour s’y livrer au commerce libre où il pourrait faire fortune ? Sans doute il lui faudrait donner sa démission de conseiller, mais il retrouverait aisément en quelques affaires les avantages perdus. Dupleix lui proposa de courir cette chance, en même temps qu’il écrivait à d’Hardancourt, directeur à Paris, pour lui recommander son ami comme second du comptoir (14 janvier 1732). Cette deuxième proposition était faite sans doute pour corriger l’échec éventuel de la première.

Vincens arrivé dans l’Inde en 1717 avait fourni une carrière honorable, mais n’avait pas gagné d’argent. La proposition de Dupleix le séduisit tout d’abord et il parut devoir l’accepter. Dupleix, tout heureux de cette nouvelle, lui écrivit le 8 avril :

« Je vous avoue que le parti de venir me voir m’a fait un plaisir aussi sensible que j’en ai ressenti de ma vie. Vous me