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D’autres lettres furent échangées ; aucune n’infirmait la résolution de Vincens. Il assista encore au Conseil de Pondichéry le 18 mars 1733 ; le 9 avril sa signature ne figure plus au bas des actes. Dans l’intervalle, il était parti pour Chandernagor avec toute sa famille par les bots l’Alcyon ou l’Orient, qui mirent respectivement à la voile les 27 et 28 mars. Les lettres écrites à ces deux dates par le Conseil supérieur à celui de Chandernagor ne font pas mention de ce départ.

La famille de Vincens ne pouvait passer inaperçue. En dehors du chef même de la communauté elle comprenait sa femme, sa belle-mère, ses belles-sœurs Marie Françoise, déjà mariée à M. Aumont depuis 1728, Suzanne Ursule et Rose Éléonore et ses propres enfants au nombre de six encore vivants.

Cela faisait douze personnes. La tribu d’Israël n’était pas plus nombreuse à son origine. Et celle de Vincens s’accrut encore en 1734 et 1736 par la naissance de Pierre François Xavier et de Marie dite Chonchon, la même qui plus tard faillit épouser le marquis de Bussy.

Dans une lettre du 19 décembre 1735, Dupleix dit de cette famille qu’elle était la meilleure de l’Inde française, non qu’elle fut la plus fortunée, mais elle était l’une des plus considérées. M. Albert avait laissé la réputation d’un galant homme et tous ses enfants se recommandaient par leur intelligence, leur beauté et leur parfaite éducation.

Sous la protection de Dupleix, la fortune de Vincens commença à s’améliorer ; Dupleix l’associa à toutes les entreprises commerciales auxquelles il s’intéressa lui-même. Et la douce intimité de la côte Coromandel reprit au Bengale, dans une atmosphère paisible de confiance et de sécurité. C’était là que Dupleix aimait à se reposer des