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morose, qui n’avait pas oublié au déclin de la vie ses autres passions de l’âge mûr. Il semble qu’il ait peu correspondu avec son fils et son fils non plus ne lui écrivait pas : Bacquencourt était leur trait d’union assez occasionnel. Le vieillard vivait, semble-t-il, d’une façon plus ou moins régulière avec une dame de Noyer qui elle non plus n’était pas jeune ; Dupleix demandait même à son frère s’il n’y avait pas dans cette union quelque mariage caché[1]. Lorsqu’il s’agit de solliciter la faveur de la Compagnie pour obtenir éventuellement le gouvernement de l’Inde, Dupleix eut soin de ne pas s’adresser à son père, dont le rigorisme eut pu tout compromettre ; il laissa faire Bacquencourt et des amis plus souples, plus adroits ; il ne réussit pas du reste en cette première tentative.

Le vieux Dupleix mourut à la fin de 1735, âgé de 76 ans. Peu de temps après, Dupleix perdit encore sa belle-sœur, deux de ses neveux et un oncle à la veille d’être fait maréchal de camp. Bacquencourt lui-même fut très malade et ne fut sauvé que par une saignée. Ces nouvelles parvinrent à Dupleix par les vaisseaux d’Europe, la première entre le 24 et le 31 juillet 1736, les autres entre les 19 et 24 septembre. Elles l’affectèrent diversement ; à cette époque il n’était guère mieux portant que son frère ; il avait mal à l’estomac depuis plusieurs mois et souffrait d’une diarrhée continue. Il écrivit à son frère que ces deuils l’avaient accablé au point d’en mourir ; en réalité la mort de son père laissa son cœur partagé entre le chagrin et la résignation. Le vieillard ne l’avait jamais aimé beaucoup et par sa mort il le lui fit bien voir. Il retint sur sa succession comme avancement d’hoirie une somme de 1.375 livres payées à des fournisseurs, de 1713 à 1721,

  1. B. N. 8979. Lettre du 30 novembre 1731.