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avant que son fils ne partit définitivement pour l’Inde[1]. Ce procédé affligea Dupleix qui le manifesta en ces termes : « Cela m’a fait d’autant plus de peine que c’est une marque certaine que le bon homme n’avait pas pour moi la même tendresse que pour ses autres enfants et je suis au désespoir qu’il soit mort dans des sentiments que je ne méritais en aucune façon. »

La fortune laissée n’était pas considérable et Bacquencourt en était le légataire universel, avec charge de distribuer une certaine part à son frère et à sa sœur, Madame Desnos de Kerjean. Bacquencourt hésita un instant à accepter le legs pour ne pas leur faire tort ; puis sur les conseils des parents de sa femme il se ravisa.

La part de Dupleix consistait en quelques créances douteuses, des contrats de rentes sur les tailles, un peu d’argent comptant et les terres de Bruyère et des Gardes. Dupleix ayant envoyé à son frère toutes procurations requises, le pria d’affermer ou de faire valoir le domaine de Bruyère et abandonna à ses tantes le revenu de celui des Gardes. L’argent liquide alla rejoindre les fonds reçus de l’Inde.

Les règlements de succession soulèvent quelquefois de violents orages dans les familles ; il n’y eut dans la circonstance que des nuages fort légers. Madame de Kerjean était d’une grande facilité de mœurs ; elle n’était pas ennemie d’un certain libertinage ; malgré l’âge, elle recherchait les adorateurs et en trouvait dans toutes les conditions. Elle n’écrivait jamais à son frère ; après la mort de leur père, elle lui écrivit pourtant une très courte lettre datée de Reims, où elle était en bonne fortune avec

  1. Ces fournisseurs étaient Duverger à Dax, Dandrenec à Nantes et Laville à Saint-Malo.