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Castanier, d’Hardancourt, Saint-Georges, etc. ; à tous, il tint à peu près le même langage : bien des gens comptaient qu’il remplacerait Lenoir ; il l’espérait beaucoup moins qu’eux et la nomination de Dumas, qui l’obligeait à rester à Chandernagor, favorisait plutôt ses intérêts[1].

Le départ de Lenoir le consolait de tout et dans sa joie il voyait d’abord le bonheur commun ; à l’entendre la colonie subissait depuis neuf ans le plus dur esclavage ; on vivait sous un régime de terreur, mais maintenant les

  1. Il disait à Burat le 4 août : « Bien des gens comptaient que je devais relever M. Lenoir. Je ne l’ai jamais cru, de façon que cette nouvelle ne m’a pas surpris. Je ne pouvais du reste quitter si vite ce pays sans apporter un dérangement considérable à mes affaires particulières qui ma foi me touchent plus que l’honneur d’être gouverneur de Pondichéry, honneur qui ne date de rien, lorsque nous serons rendus en Europe, où chacun rentrant dans sa coquille ne se fera distinguer qu’autant qu’il aura du bien. »

    Même note à Trémisot le 19 novembre : « Pour la nomination de M. Dumas, je m’y attendais, quoique bien du monde pensât tout le contraire. Il semble que la Compagnie ait cru que j’en serais bien fâché, car avec des lettres des plus polies elle y a ajouté une gratification que je n’ai point acceptée dans l’idée où je suis qu’elle ne me l’a accordée que pour m’apaiser. Elle se trompe ; je suis mieux ici qu’à Pondichéry, et les pertes considérables que j’ai faites cette année n’auraient pu se réparer dans ce dernier endroit, ce qu’avec l’aide du Seigneur j’espère faire ici. »

    Il écrivait à Lollière le 19 décembre : « Je suis persuadé que depuis l’arrivée de M. Dumas vous devez trouver Pondichéry bien changé. Ce sera encore mieux par la suite ; je le souhaite pour tous ceux qui y sont. Il y a longtemps qu’ils étaient en esclavage. »

    « Vous allez, disait-il à Bury, passer des jours plus heureux que vous n’avez fait depuis neuf ans. » Et au P. Montalembert : « Vous ne perdrez point au change. M. Dumas a tout ce qu’il faut pour vous faire goûter une tranquillité dont il y a longtemps que vous ne jouissez pas à Pondichéry. Vous m’en direz quelque chose en réponse. »

    Citons enfin trois lignes d’une lettre écrite à Castanier, l’un des directeurs de la Compagnie : « J’ai appris avec assez de tranquillité la nomination de M. Dumas au gouvernement de Pondichéry ; j’avais cependant quelques raisons de croire que je pouvais prétendre à ce poste. Je me suis trompé ; ce n’est pas la première fois. » (Ars. 4743, p. 23, 34, 48, 41, 42.)