Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/160

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pensa d’abord que le gouverneur parlait ainsi dans le dessein de mieux connaître les gens qui lui étaient hostiles et se réjouir ensuite de leur déconvenue. Lui-même déclarait qu’il ne faisait aucun château en Espagne, qu’il attendait avec tranquillité les événements et qu’il ne serait pas plus surpris du non que du oui. Il n’excluait donc pas à priori une solution qui lui fût favorable.

La décision de la Compagnie fut connue le 8 juillet de la même année par le Saint-Pierre qui arrivait des îles. C’était Dumas, plus âgé que Dupleix d’un an et dont les services étaient plus anciens que les siens, qui était nommé gouverneur et La Bourdonnais remplaçait Dumas à l’île Bourbon.

Dupleix supporta cet échec avec une résignation mitigée. Il dissimula naturellement ses sentiments dans la lettre sans caractère qu’il adressa à Lenoir lui-même le 19 décembre :

« J’ai reçu, lui disait-il, les lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire de Pondichéry les 2 juillet, 12 août et 13 septembre dernier. Je souhaite que la présente vous trouve arrivé en bonne santé et que vous ayez moins souffert que dans vos autres traversées, ce que j’apprendrai avec plaisir… Je vous remercie des offres de service que vous avez la bonté de me faire. J’en profiterai dans l’occasion ; je souhaiterais pouvoir vous être utile dans l’Inde. Je vous prie de croire que j’exécuterai vos ordres avec exactitude, lorsqu’il vous plaira de m’en donner. Souffrez, s’il vous plaît, que je vous prie de me rendre justice auprès de la Compagnie[1]. »

Il dissimula également sa déconvenue à ses autres correspondants, tant aux Indes qu’en France, notamment à Burat, Groiselle, Trémisot, le P. Thomas, le P. Turpin,

  1. Ars. 4743, p. 54.