perdu de vue qu’il pourrait un jour reprendre les fonctions de conseiller dont il s’était démis. Au retour d’un voyage qu’il fit à Djedda, au début de 1735, il vit que Lenoir avait été remplacé par Dumas et le bruit courut un instant que lui-même était nommé second à Pondichéry. Il ne fut pas peu surpris d’apprendre quelque temps après que le Conseil supérieur l’avait simplement réintégré dans son ancien poste de conseiller. Ses espérances étaient déçues, il ne savait quel parti prendre. Dupleix estima que le Conseil avait eu tort de ne pas s’attacher plus étroitement un pareil sujet, mais laissa Vincens entièrement maître de choisir le parti qu’il estimerait le meilleur. Il n’accepta pas sa nomination et retourna à Djedda au mois de décembre comme subrécargue du Chandernagor pour réparer ses pertes de l’année précédente.
Après ce voyage qui ne fut pas non plus très heureux, il se décida à repasser en France, dans l’espoir de fléchir la justice de la Compagnie. Dupleix était trop sceptique sur la reconnaissance de celle-ci pour encourager son ami à tenter un voyage aussi long et suivant toute apparence aussi inutile ; il l’en dissuada autant qu’il put mais, quand son parti fut pris, il lui parut que si un heureux hasard favorisait Vincens, il aurait un homme de confiance entre les mains de qui il pourrait avec sûreté abandonner ce qu’il laisserait après lui dans l’Inde. Le meilleur moyen pour atteindre ce but était que Vincens obtint le poste de second à Chandernagor avec promesse de la direction ; alors il pourrait lui-même quitter l’Inde en toute tranquillité ; il était sûr que ses intérêts seraient bien servis.
Ce plan conçu, il pria son frère de remuer ciel et terre pour le réaliser et il recommanda Vincens dans les termes les plus chaleureux aux différentes personnes en situation