Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/171

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se soutenir contre tout et contre M. Lenoir même qui ne peut être jamais de ses amis. Je ne pense donc plus à cette place ; mes vues sont tournées de ton côté ; et il est temps de nous rejoindre pour toujours[1]. »

Et, ne sachant pas lui-même le parti auquel il s’arrêterait, il laissa, sans le confirmer ni le démentir, courir le bruit de son départ. Il inclinait pourtant pour le retour et l’entrevoyait pour le début de 1739. Marquaysac, croyant répondre à ses intentions, lui offrit une place sur le navire qu’il commandait pour le ramener en France[2]. Mais Dupleix préférait revenir par le Golfe Persique et la Mésopotamie ; il écrivit à Aumont à Bassora pour avoir des renseignements sur la route des caravanes et comptait terminer son voyage par l’Italie.

Ainsi, l’idée de rentrer en France, née en 1735, était encore arrêtée en principe dans l’esprit de Dupleix au début de 1737 ; il voulait même partir sans demander un congé, mais sur les conseils de son frère, il se ravisa ; un retour imprévu aurait pu mécontenter le Ministre.

Toutefois, en quittant l’Inde, Dupleix n’entendait pas se désintéresser des affaires où il était encore engagé ni de celles qui pourraient se présenter à l’avenir. N’était-il pas lui-même le mandataire, pour des sommes parfois considérables, de Castanier, l’un des directeurs de la Compapagnie ? S’il partait, il avait besoin comme lui d’un homme de confiance pour achever et pour continuer ses opérations.

Cet homme était trouvé, c’était Vincens. Ce dernier n’avait guère quitté le service de la Compagnie que pour échapper à la malveillance de Lenoir et n’avait jamais

  1. Ars. 4744, p. 68.
  2. B. N. 8980, p. 79-80.