Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

obtenu ; à moins de le solliciter personnellement par des arguments qui peut-être convaincraient les directeurs, il était condamné à demeurer à son poste.

Or, à ce moment, ses affaires étaient fort embarrassées ; il avait subi de grosses pertes dans différentes opérations, notamment par le naufrage du Balocopal et sa présence était nécessaire pour les réparer.

Il prit assez facilement son parti de rester dans l’Inde, au moins jusqu’au jour ou il serait fixé sur la réussite du voyage de Vincens ; mais afin de ne pas affaiblir son autorité en livrant à son entourage le secret de ses tergiversations, il ne communiqua ses intentions qu’à Dumas, qui avait du reste intérêt à les connaître, en raison des affaires où ils étaient l’un et l’autre engagés. Mais, en les communiquant — 27 août — il ajoutait :

« Laissez penser aux autres ce qu’ils jugeront à propos et gardez-moi le secret sur ce point ; j’y compte fort. Vous pouvez donc en toute sûreté continuer votre commerce à Bengale à l’ordinaire et sur le même pied. »

Et il continua lui-même à laisser ses paroles et ses actes flotter dans une certaine indécision jusqu’à la fin de 1737. Au début de l’année suivante, le temps avait fondu toutes ses nuances et Dupleix n’envisageait plus son départ immédiat ou prochain qu’au cas où la Compagnie le rappellerait. Sa situation ne se modifia pas dans les mois qui suivirent : en décembre, ses fonds étaient dispersés un peu partout : il avait 400.000 roupies engagées dans différents armements, dont partie était empruntée et pour laquelle il payait des intérêts exorbitants. Nul autre que lui ne pouvait les rassembler sans y perdre beaucoup et il lui fallait au moins un an pour tout liquider. Même, si la Compagnie le remerciait, Dupleix déclarait qu’il serait