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encore obligé de rester un an dans l’Inde pour mettre de l’ordre dans ses affaires[1].

Son départ, en admettant qu’il fut possible, se trouvait ainsi reporté en 1740.

Cependant Vincens n’avait rien obtenu de la Compagnie. Lenoir lui était resté hostile ; d’Hardancourt, sur lequel il comptait le plus, l’abandonna ; les autres directeurs le bernèrent sans pitié, Castanier notamment n’aurait pas eu pour lui plus d’égards que pour un chien. On lui offrit d’abord le poste de Mahé, et quand on vit qu’il allait l’accepter, on retira la promesse. La Compagnie lui tenait rigueur de sa retraite en 1733 ; elle n’admettait pas qu’un de ses employés put la quitter pour améliorer sa situation. Vincens n’avait évidemment pas employé la clé d’or qui ouvre les consciences ni d’autres moyens qu’indique Dupleix non sans quelque amertume :

« La sincérité ne convient pas du tout ; beaucoup de faste soutenu de clinquant ; ne parler que par monosyllabes ; faire l’important sur tout, quoiqu’avec un grand fonds d’ignorance crasse ; gagner la catin de celui-ci, de celui-là, voilà ce qu’il devait faire et dont il (Vincens) n’est pas capable[2]. »

Vincens, après son échec, ne prolongea pas son séjour en France et il revint à Pondichéry par l’un des bateaux qui y arrivèrent entre le 9 juillet et le 10 septembre 1738 ; il partit aussitôt pour Chandernagor. Si Dupleix fut heureux de le revoir, il ne fut pas moins attristé de son insuccès et s’emporta violemment contre la Compagnie, incapable, disait-il, de toute reconnaissance.

Ses espérances s’évanouissaient ainsi les unes après les autres. Rappelons-les en quelques lignes. Il avait recher-

  1. Lettre à son frère du 4 décembre 1738.
  2. Lettre à Duvelaër du 7 janvier 1739.