Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/177

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plus favorable à l’un qu’à l’autre[1] ; il ne faut pas se déconcerter ; travaillons puisque nous sommes nés pour cela ; nous nous reposerons après, si Dieu le veut. »

À Godeheu, il écrivait le surlendemain :

« Il est fâcheux, après de longs travaux, de se voir forcé de travailler sur de nouveaux frais et de ne pouvoir parvenir à ce but de tranquillité que les hommes se proposent et auquel ils n’arrivent presque jamais. Dieu soit loué ! il me reste des bras et du courage, je les emploierai tant que je les aurai. »

Même note à d’Hardancourt dans une lettre du 6 janvier. Dupleix a une fortune à refaire ; il a envisagé la tâche et elle ne lui a pas paru au-dessus de ses forces[2].

  1. La Garde n’avait pas retiré d’un voyage à Moka tous les avantages qu’il en espérait.
  2. Cultru a essayé d’établir la fortune de Dupleix. Il calcule qu’à la fin de 1738, il devait avoir en France 250.000 livres et dans l’Inde 280.000 roupies. Ces 280.000 roupies, dont 200.000 au Bengale et 80.000 à Bassora, étaient représentées par des marchandises pour la plupart difficiles à vendre et sur lesquelles il était dû vraisemblablement de grosses sommes à des banians ou marchands indigènes. En 1739, Dupleix perdit sur un vaisseau revenant de Manille, le Balocopal, une somme qui n’est pas indiquée mais fut « bien plus forte » que celle de Castanier, l’un des directeurs de la Compagnie ; or la perte de Castanier fut de 34.000 roupies.

    Cultru estime d’après ce chiffre que celle de Dupleix ne pût être inférieure à 100.000. Nous croyons qu’en la réduisant à 60.000 on serait plus près de la vérité. La même année, Dupleix perdit encore environ 30.000 roupies sur le Petit Heureux, vaisseau de Mozambique. Avait-il alors vendu ses marchandises du Bengale et de Bassora ? Il est permis de le supposer. En ramenant à moitié sa part dans cette vente — le restant étant attribué à ses créanciers — il aurait alors disposé de 150.000 roupies environ, desquelles il conviendrait de déduire ses pertes de 1739, soit 120.000 roupies. Il lui serait alors resté comme fonds liquides à peu près 25.000 roupies, soit 92.500 livres, inscrivons 100.000. Faute de comptes complets, nous ne saurions garantir ces chiffres ; il est seulement permis d’affirmer, contrairement à certaines opinions, que Dupleix était loin d’avoir fait fortune lorsqu’il quitta Chandernagor.