Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/184

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donner cours à ces mêmes roupies. Je rougis en vérité de vous rappeler. Messieurs, tout ce que j’ai fait, ma modestie ne peut s’accommoder de ce récit mais je ne pouvais me le refuser après l’oubli qu’il semble qu’on fait de moi en France. N’est-ce pas, Messieurs, me donner à entendre que l’on n’est pas content de mes services, que de ne m’avoir pas traité comme M. Dumas ?

« Ne serait-ce pas m’en donner l’exclusion que de me renvoyer au temps que j’occuperais le gouvernement de Pondichéry puisque l’âge de M. Dumas, aussi jeune que moi et sa situation ne me permettent d’envisager ce poste que dans le lointain et qu’en renonçant pour ainsi dire à ma patrie et à la satisfaction de revoir ma famille… Joignez encore que, quand même je serais à Pondichéry, je me trouverais trop heureux de soutenir les choses sur le pied que les ont mis M. Lenoir et son successeur. Tout y est réglé, tout y est fait. Je n’y vois plus d’avantage considérable à procurer à la Compagnie au lieu qu’ici tout y était abandonné ; il m’a fallu faire tout et établir mille choses auxquelles mes prédécesseurs n’avaient pas voulu penser. Ici l’on me doit beaucoup, là on ne me devra rien. Ainsi la récompense que j’ai méritée ne me sera pas plus due qu’à Pondichéry et ce sera me faire entendre que je ne la mérite pas que de me renvoyer à ce temps trop éloigné. Je ne prétends pas trouver à redire aux grâces que M. Dumas vient de recevoir ; elles sont fondées sur les services qu’il a rendus. Ne puis-je pas, sans trop de présomption de ma part, dire que les miens ne cèdent pas aux siens ; ils l’emportent même. Cependant tout l’avantage est de mon côté et la raison que l’on me donnera c’est qu’il est gouverneur de Pondichéry. Le poste ne donne pas aux services leur réalité, c’est le service même ; les miens sont réels, indiscutables, à la vue du ciel et de la terre. La récompense n’en peut être reculée sans me déshonorer et sans me causer une mortification que je ne mérite en aucune façon ; car enfin ne devais-je pas espérer, sans me faire un tort considérable et aux miens qui ont si bien servi la Compagnie, que puisque on avait trouvé M. Dumas digne des grâces qu’il a obtenues, la Compa-