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CHAPITRE V

Les relations de Dupleix avec les Maures et les Compagnies européennes.


Il ne faut pas s’attendre à trouver en ce chapitre le récit d’événements extraordinaires où la personnalité de Dupleix se soit nettement révélée. Les Maures[1] n’avaient autorisé les Européens à se fixer au Bengale que dans l’espoir de retirer du commerce divers droits qui les aideraient à accroître leurs ressources budgétaires ; ils leur avaient, en conséquence, interdit de se faire la guerre entre eux. Pour des compagnies qui n’avaient alors aucune ambition territoriale, cette défense était une garantie de sécurité. C’est pourquoi l’histoire du Bengale pendant cette période n’offre pas un très grand intérêt : si désagréables que fussent les difficultés dans lesquelles ils se trouvèrent engagés, les Européens savaient qu’à moins d’événement imprévu elles ne se termineraient jamais par une catastrophe. Cet événement se présenta pourtant en 1739 avec l’invasion persane de Nadir-Cha qui faillit amener la chute de l’empire mogol et peut-être la ruine de tous les établissements européens ; mais quand la secousse fut passée, chacun retrouva son assiette légèrement instable mais néanmoins assurée.

  1. Au xviiie siècle, les Européens donnaient communément le nom de Maures aux Musulmans, comme celui de Gentils aux Brahmaniques.