Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/190

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mais tel n’était pas le motif invoqué. On nous reprochait de différer sans cesse le paiement des 40.000 roupies dues pour l’obtention du firman de 1718. Le nabab se plaignait en outre que depuis son avènement les Français ne l’eussent jamais visité, c’est-à-dire ne lui eussent pas fait le cadeau de joyeux avènement traditionnel. Dirois, peu de temps avant de quitter Chandernagor, lui avait écrit qu’on déférerait à son désir aussitôt après le départ des vaisseaux d’Europe, ce qui voulait dire en janvier ou février 1732. Le nabab fit répondre par son général Bakar Ali Khan que nous voulions le tromper comme nous l’avions fait jusqu’à ce jour et que si l’on tardait encore, on pourrait s’en repentir. Dupleix qui reçut cette sorte de sommation y fit la même réponse que Dirois ; le nabab maintint ses exigences. Dupleix devait-il s’entêter dans la résistance ? Il le pouvait sans doute pour affirmer son indépendance et maintenir l’honneur de la nation ; mais à ce jeu nos marchandises risquaient de rester indéfiniment à Cassimbazar et c’était le moment où les vaisseaux d’Europe allaient repartir. L’intérêt commandait la soumission : Dupleix se soumit et dès le mois de novembre il envoya en mission à Cassimbazar les conseillers Burat et Saint-Paul avec une escorte de 60 hommes, quelques objets comme présents et 10.000 roupies Madras. Il n’en fallait pas davantage pour que nos bateaux fussent aussitôt relâchés, car l’entrevue avec le nabab n’eut lieu qu’un peu plus tard. Avant qu’elle ne fut fixée et pour éviter toute méprise de la dernière heure, on arrêta la répartition des présents qui furent de 10.000 roupies pour le nabab et 5.000 pour ses différents officiers. Pour les 40.000 roupies du firman on discuta plus longuement mais sans résultat. Les Maures soutenaient que le firman du Mogol nous avait été envoyé peu de temps après sa