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régnait pas entre les conseils de Chandernagor et de Pondichéry et que, la subordination de l’un à l’autre n’étant pas rigoureusement observée, elle avait lieu de redouter des malentendus ou même des conflits préjudiciables à ses intérêts. Elle écrivit le 21 janvier 1733 :

« Il n’est pas possible que la Compagnie ni le Conseil supérieur de Pondichéry prévoient les différentes affaires qui peuvent vous être suscitées par le gouvernement maure ni vous prescrire des règles certaines, desquelles il ne vous soit pas permis de vous écarter sans vous exposer à être blâmé. La distance considérable des lieux, même celle du comptoir de Pondichéry au vôtre, demande nécessairement que vous preniez votre parti après une mûre délibération, dans toutes les occasions qui requièrent célérité et qui ne peuvent vous permettre d’attendre des ordres, et lorsque ceux qui vous parviennent ne sont pas assez positifs pour vous déterminer, vous devez y suppléer d’office, en observant d’informer régulièrement le Conseil supérieur de Pondichéry et la Compagnie des raisons qui vous auront fait prendre ce parti plutôt qu’un autre. Elle se repose entièrement sur votre prudence dans ces occasions, en vous recommandant toujours une économie convenable dans les accords que vous ferez pour terminer les différentes affaires qui peuvent vous survenir ou dans la distribution des présents que vous estimerez être faits au nabab, au gouverneur ou enfin aux officiers de l’un et de l’autre pour prévenir ou faire cesser les vexations qui sont si communes dans le pays où vous êtes[1]. »

Ces vexations continuèrent en 1732. S’il n’arrêta pas nos marchandises, le nabab de plus en plus insatiable fit établir tout le long de la rivière des chokis ou postes de péages qui se succédaient de lieue en lieue ; en chacun d’eux, on arrêtait les bateaux des Européens et on ne les laissait repartir qu’après avoir obtenu d’eux de grosses

  1. A. P. 102, p. 124.