Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/199

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de ses lettres (3 novembre 1738) nous apprend occasionnellement sans donner à ce sujet aucun détail, qu’à une date qui n’est pas précisée, le gouverneur Lenoir l’avait fait emprisonner pendant trois mois, les fers aux pieds et avait fait poser partout des affiches invitant le public à porter des plaintes contre lui : on n’avait trouvé personne. Ce témoignage discret était tout à son honneur. C’est une mésaventure du même genre qui lui arriva en 1738 sans qu’elle fut plus justifiée et sans doute elle l’était encore moins. Voici à quelle occasion :

Au mois de mars de cette année une femme et son fils furent trouvés morts dans leur paillote à Chandernagor sans que rien permit de déterminer le genre de décès. L’affaire fit grand bruit ; on crut généralement à un assassinat. Sur les plaintes des parents le faussedar d’Hougly ordonna une enquête ; mais comme elle ne s’ouvrit que deux jours plus tard, on avait dû, à la demande des voisins, enterrer les corps qui sentaient mauvais. Il ne restait plus d’autres éléments d’information que les bruits les plus contradictoires et les plus invraisemblables, ainsi qu’il arrive en pareille circonstance. Dupleix ne connut jamais les conclusions de l’instruction du faussedar ; mais elles devaient être peu bienveillantes à notre endroit, car quelques jours après il apprit que pour des motifs se rattachant à cette mort, notre loge de Cassimbazar était entourée de 10.000 personnes et que le nabab exigeait qu’on lui amenât de force notre directeur Burat. Afin d’éviter le pillage du comptoir, Burat ne se laissa pas faire violence pour se rendre chez le nabab. Là on lui demanda le nom des assassins de Chandernagor. Burat ignorait encore tout de cette affaire et répondit simplement qu’il demanderait des renseignements. On voulut bien le croire sur parole et on ne le